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Matin d'hiver

 

 

 

            Ce matin, sept heures. Nuit. Dans les rues, les voitures, phares allumés, se suivent pare-chocs contre pare-chocs. Froid de janvier, givre, brouillard. Corps sollicité de façons diverses par un continuum de sensations. Un fil court de l’une à l’autre. Une sorte d’onde intérieure qui les unit malgré leurs différences, voire leurs discordances. Le froid traverse l’étoffe de mon pantalon, pique mes narines. La fumée des pots d’échappement me donne envie de tousser. Des sons et des rythmes sommaires émanent des autoradios. Des douleurs parcourent mes muscles qui s’éveillent. Agréables où désagréables, je les reçois comme autant de figures d’un sentiment plus profond qui ressemble à une ébriété légère. Toutes, dans leur diversité, concourent à un plaisir diffus dont aucune en particulier n’est la véritable source. Je devine dans cette ivresse discrète un plaisir qui borde la semi-conscience d’être émergeant de ce flux interne. Chacune de mes sensations est, sans doute, à la fois elle-même, bonne ou mauvaise, et une métonymie de ce plaisir indéfini, ce qui lui donne une valeur toujours autre que son strict contenu.

Chroniques de l'inconnaissance 3-1-2017

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